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tôt brutale, mais toujours secourable. Dans sa gigantesque carrure se fondent, à ne se pouvoir résoudre, les traits distinctifs d’un dieu solaire, triomphant de l’hiver, et d’un dieu de l’orage, brassant les nues pour abreuver la terre : c’est là le thème de sa lutte épique contre Ahi « le Serpent » ou Vrta « l’enveloppeur ». Son autre exploit, moins guerrier, plus sacerdotal, accompli en tête d’un chœur de chantres mythiques, est la découverte des vaches rouges que les ravisseurs avaient cachées dans leur sombre caverne : il a brisé l’étable où les confine la froidure ; la première-née d’entre elles, l’aurore de l’équinoxe de printemps, a répondu en mugissant à son appel, et toute la théorie des aurores futures de l’année qui recommence se sont élancées, joyeuses, à sa suite. Lui-même, n’est-il pas le mâle céleste, dont toute femelle subit l’étreinte ? Ainsi, transférés de la terre au ciel, le taureau fécondateur et la vache nourricière deviennent des êtres sacrés : son lait, c’est la lumière et la douce chaleur ; la pluie, c’est encore du lait, ou bien ce sont leurs sécrétions immondes, dessormais réputées purifiantes el salutaires.

Un autre dieu-taureau se nomme Sôma. Comment un breuvage jaune, sucré et enivrant en vint-il à s’armer de cornes aiguës ? car le sôma, on le sait n’est autre chose que le suc d’une certaine plante, de nous inconnue, qu’on pressurait et qu’on offrait aux dieux, surtout à Indra, en libations gou-