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836 LES LITTÉRATURES DE L'INDE

(2, 12) Dans un grave danger où il yva de La fortune et de l;i vie, on fait bon marché de la fortune, on la sacrifie volontiers pour sauver sa vie; puis, lorsqu'on s'esl tire « l*;i ll;i i i-c, nu se jette «mi une nouvelle aventure pour refaire sa fortune : ainsi vont les insensés, immo- lant leur fortu i leur vie, puisqu'ils sonl toujours

prêts à échanger l'une contre l'autre ou celle-ci contre celle-là.

(2,10) Souhaite-t on un fils, c'est un souci; qu'on l'ait el qu'il tombe malade, autre souci ; on s'afflige de le voir malheureux ou triste, on s'alllige de sa mauvaise conduite ou de sa folie; s'il est vertueux et distingué, on songe avec épouvante à sa mort possible; qu'il meure, c'est la désolation: puisse n'atteindre personne ce fléau qui s'incarne sous les espèces d'un fils ' !

(B. 10!)7) Rien ici-bas, rien ailleurs ; partout où je vais, rien nulle part ; à le bien prendre, l'univers non plus n'est rien ; hors de la conscience du moi indivi- duel, il n'y a rien"- .

Quoique l'œuvre du pandit Jaganmïtha soit très moderne, elle n'est point indigne de figurer à la suite des grands gnomiques, soit en elle-même, soit à titre d'exemple frappant de la persistance des traditions littéraires dans cette Inde agitée et immo- bile. Voici donc un lettré de la fin du XVI e siècle, qui n'a cru pouvoir rien faire de mieux que de pas- ticher Bhartrhari du VII e , et qui y a fort conve- nablement réussi. Son Bhâmini-Vilâsa (( Divertis-

1. Il y avait longtemps que le Buddha en avait dit autant : cf. p. 94.

2. Ici le Buddha protesterait : le moi individuel est le premier de tous les néants ; cf. p. 88.

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