Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commode la coutume, encore en vigueur dans notre Bretagne, de conserver perpétuellement le feu couvant sous la cendre, il n’est pas malaisé de comprendre pourquoi il est dit « l’immortel ». Mais, dans la pensée et la phraséologie de ce temps, les immortels, en opposition avec les mortels, ce sont les dieux : voit-on comment est né le dieu Agni ?

Il est seul de son espèce, mais voyage en compagnie ; il est tout jeune, et le vieux l’a mangé. Mais admire la grandeur et le miracle de ce dieu : hier il était mort ; aujourd’hui le voici vivant. (Rig-Véda, X, 55, 5.)

La lune entourée des étoiles : elle n’a qu’un mois, et nul ne sait l’âge du soleil, qui la dévore au dernier quartier ; mais à peine est-elle morte dans les feux de l’orient, que sa faucille grêle reparait à l’occident. Quelle merveille ! Et il n’est pas jusqu’à la résurrection au troisième jour, c’est-à-dire après un jour et deux nuits, qui n’ait trouvé son expression, aussi explicite qu’insolite, dans une stance de l’Atharva-Véda[1] (XI, 5, 3).

De ces embryons de mythes, les Grecs n’ont pas dû manquer, non plus que les autres groupes ethniques de notre grande famille. — « Il roule une grosse pierre jusqu’au sommet de la pente, et aussitôt elle redescend » (on ne dit pas de quel côté, là

  1. Les deux astres y sont personnifiés sous les traits du précepteur spirituel et de son disciple : l’un, est-il dit, porte l’autre durant trois nuits dans ses entrailles ; c’est qu’en effet le premier rite d’initiation dure ce temps.