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LA il Gï M'i: DE RAMA 163

seul ? Mais il y a mieux : son nom même le trahit ; râma, tout commença, esl unadjectif qui signifie » Qoir i); Râma doit retrouver Sîtâ, comme Krsna Rukminî (p. 119); le soleil vil dans la retraitée! les ténèbres, tant qu'il n'a pas reconquis l'aurore.

Le nom de Sîtâ, malheureusement, ue se plie pas avec autant d'aisance que celui de Rukminî à rette dernière identification : sîtâ est un nom commun féminin qui signifie « 1<' sillon », et la légende rap port»-' que l'héroïne jaillit, durant le labour, du sillon tracé par la charrue. Sur cette donnée s'est édifiée une interprétation d'un symbolisme bien raffiné: l'expédition de Râma sérail ta marche des conquérants aryens, agriculteurs el civilisateurs, poussant vers le sud et refoulant les sauvages qui ne vivaient que de chasse et de rapines. A pre- mière vue, convenons-en, on se représente mal un poète, oriental ou non, imaginant d'incarner la civilisation blanche en une bande de singes . Peut- être ue faut il pas chercher si loin : sî/4, il est \ rai, c'est le sillon; maisatïdesl un adjectif qui signifie

1. Rdmdy., Il, 118. La répartition des livres el chapitres varie selon les recensions : je cite toujours d'après l'édition de Bombay.

g. il esl \ rai que Râma seul el ses fidèles représente raient Les blancs : les singes, ce seraient des indigènes soumis el ralliés, devenus ses auxiliaires : mais ce o esl pas ainsi que parait l'entendre l'histoire, puisqu'il traite avec eux d'égal irai; et, de toutes façons, la civilisation aurait là de singuliers répondants.

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