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cher! » L'aul re ne souffle mot. De plus belle et pai trois fois : « Rocher ! » Même silence. Alors: « Eh bien, ro- cher, d'où vient qu'aujourd'hui tu ne me répondes pas? — Il paraît », se dil le crocodile, « que les autres jours le rocher répond à cebeausinge : je vais donc lui ré- pondre. Eh bien, roi des singes? - Qui es- tu? ■ Un crocodile. Et que fais-tu là".' —Je te guette pour manger ton cœur. — Pas d'autre chemin », pensa le Bôdhisatta, « ici il me faut user de ruse. Ami croco- dile ». reprit-il, «je m'abandonne à toi. Ouvre la gueule, el tu m'attraperas à l'arrivée. » Or, quand les croco- diles ouvrenl la gueule, iU Eermenl les yeux. L'autre, oubliant ce détail, ouvrit la gueule : ses yeux se fer- mèrent . Le voyez-vous., couché, la gueule bée, les yeux clos". 1 Le Bôdhisatta saisil le joint, prend sonélan, lui saute sur la tête, repari comme l'éclair, et le voici à, la rive. A la vue de ce prodige, le crocodile se dit : « Ce roi des singes a l'ail un vrai miracle. O roi des singes », s'écrie-t-il, « en ce monde, l'être .doué des quatre vertus triomphe de ses ennemis: tu les possèdes toutes, je pense. » Après quoi il récita :
(Vers.) a Qui possède les quatre vertus, comme toi, ô roi des singes, véracité, justice, force d'âme, renon cernent, il échappe à tout ennemi. »
Le crocodile, après avoir ainsi loué le Bôdhisatta. retourna en son repaire.
Le Maître avait dit: « Ce n'est pas d'aujourd'hui, ô moines, (pie Dèvadatta attente à ma vie: il y a at- tenté antérieurement. » Établissant alors la connexion. il révéla l'application du conte aux personnages ac- tuels : « En ce temps-là, le crocodile, c'était Dèvadatta ; son épouse, c'était Cincamânavikâ ; et le roi des singes, c'était moi. » Ceci est le conte du Roi des Singes. (Jâ- taka pâli, 57.)
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