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de l’Inde font encore bonne figure en face de leurs grands rivaux d’Occident, tous ses Sainte-Beuve additionnés ne feraient pas même un Quintilien.


On sait que leur langue ordinaire, à tous prosateurs et poètes, est le sanscrit ; ce qu’on sait moins, c’est qu’il n’est point leur langue exclusive. Le sanscrit, parlé dans l’Inde au temps des Védas et peut-être encore au début de la composition des grandes épopées, y a fait place de bonne heure, et dès avant le premier siècle de notre ère, à nombre de dialectes issus de même souche que lui, les prâcrits, dont quelques-uns se sont élevés à la dignité littéraire. Même après leur avènement, on a continué et l’on persiste encore à écrire en sanscrit ; mais le privilège reconnu à l’idiome savant et sacré a depuis longtemps cessé d’être un monopole.


Le plus connu des prâcrits est le pâli. L’organe de l’immense littérature du bouddhisme de Ceylan. C’est aussi celui qui ressemble le plus au sanscrit : il n’en diffère guère plus que l’italien du latin, et dans les mêmes conditions, c’est-à-dire qu’il réduit par suppression