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et, quand le roi y a répondu comme il faut, il le reconnaît capable de recevoir la bonne nouvelle et la lui prêche à grand renfort de sorites ou de truismes. « Qui a cent attachements a cent causes de douleur ; qui a 99 attachements a 99 causes de douleur, etc., etc. ; … qui n’a point d’attachement n’a point de cause de douleur » : voilà le type des sermons du Bienheureux. On a vu plus haut (p. 69) avec quelle ténacité il s’attache à déraciner dans ses adeptes l’erreur fondamentale, la notion du moi. Rien ne ressemble moins au christianisme galiléen que cette dialectique d’écolâtre, intransigeante et prolixe.

Enfin l’on se tromperait fort, sous prétexte que le bouddhiste vit de frugalité et de contemplation, en le confondant avec les fanatiques de toutes sectes qui macèrent et déchirent leur chair. Ses besoins sont restreints, mais il les satisfait, et le Buddha lui défend les tortures au même titre que le suicide, dont il a horreur. Le moine qui a engagé un laïque à se macérer, en lui représentant que la vie future vaut mieux que son étal présent, est frappé d’excommunication solennelle[1]. Les ordres rivaux, les jaïnistes surtout, jaloux ou scandalisés de cette relative facilité « le mœurs, n’ont pas manqué de la lui reprocher avec véhémence ou malice : interdire l’ascétisme, c’était donner prise à maint brocard.

  1. Vinaya-Piṭaka, Sutta-Vibhaṅga, III, 2.