sont parfois arrogants, vains de leur science, mais non point malfaisants ; et souvent tel d’entre eux, réduit par l’argumentation souveraine du Buddha, se laisse toucher de la grâce et devient un moine fervent. Plus tard même, quand la concurrence s’aigrit, elle ne semble pas avoir été violente : on voit des moines bouddhistes ou jaïnistes reçus avec honneur à la cour de souverains brâhmanistes, les deux religions vivre côte à côte durant de longs siècles, et leurs prêtres respectifs entretenir des rapports de déférence et de bon voisinage. On ne saurait trop s’en persuader, si le Buddha avait seulement consenti à confesser de bouche la divine autorité du Véda, il n’y aurait jamais eu dans l’Inde qu’un troupeau, sans pasteur, il est vrai, et aux rangs fort lâches.
Il ne faut pas non plus partir de l’idée que le bouddhisme est une doctrine de charité universelle, pour imaginer une prédication pleine d’onction, de tendresse, d’ardente et active pitié. Il y a de tout cela, sans doute dans le bouddhisme, mais par endroits seulement et par élans fougueux. Son fond premier est tout autre : ainsi qu’il convient à une doctrine qui veut que tout le mal de vivre procède de l’ignorance, c’est une logique à outrance, fourmillante de détails minutieux, fastidieuse de longueurs et de redites. Le moine qui vient convertir un roi ne s’adresse point à son cœur ni à sa conscience : il lui pose quelque question captieuse ;