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de l’abbaye de pontigny.

T. ii, p. 229. Les abbés de Pontigny tiraient un grand produit de leurs vins. On en peut juger par la faculté que leur accorda Henri II, comte de Champagne, en 1190, de conduire, chaque année, dans la ville de Troyes, jusqu’à deux cents muids de vin de leur crû sans payer de droits d’entrée. Il était à Vézelay, partant pour la Terre-Sainte, lorsqu’il accorda cette faveur. On voit que nos pays avaient alors dans la Champagne un débouché important pour leurs vins. Auxerre faisait des envois au-delà de Paris : on s’occupait peu de cette capitale, qui absorbe aujourd’hui tous nos produits. En 1312, les douaniers de Louis-le-Hutin, roi de France, comte palatin de Champagne et de Brie, prétendirent que le vin de l’abbaye devait payer un droit, parce que le muid de 1312 était plus grand que celui de 1190, époque où la franchise des droits avait été accordée. L’affaire fut portée devant le roi, qui déclara que puisqu’on ne pouvait préciser quelle était la capacité du muid[1] de 1190, on devait se conformer à celui qui avait cours présentement à Troyes et aux environs, et ne point exiger de droits. En 1260, les abbés de Pontigny recevaient du comte d’Auxerre cent muids de vin, sur la dîme de Junay, pour la rente du bois de Bar, qu’ils lui avaient cédé.

  1. Le muid de cette époque devait être bien inférieur au nôtre ; car alors on ne connaissait ni le gamé, ni le tresseau, qui donnent du vin en abondance. Les vignes étaient ordinairement très-vieilles, et plantées en pinot ; elles donnaient de bons vins, mais en petite quantité. On pourrait croire sans s’éloigner de la vérité, que ce muid ancien ne contenait pas deux feuillettes comme le nôtre, mais une seule, un peu plus grande que celles dont nous nous servons.