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de l’abbaye de pontigny.

résolution, ou que la vigueur de l’observance (nous n’osons le penser) ne vienne à éprouver des atteintes considérables ; c’est pourquoi, mes chers fils en Dieu, nous prêtant avec joie à vos justes réclamations, à l’exemple de notre père et prédécesseur de sainte mémoire le pape Eugène, nous vous prenons aussi sous notre protection et sous celle de saint Pierre ; nous voulons que l’ordre monastique établi, par la grâce de Dieu sous la règle de saint Benoît et de l’ordre de Cîteaux, fleurisse à perpétuité au milieu de vous. Nous voulons, en outre que tous les biens que vous possédez et que vous pourrez posséder dans la suite, selon les lois divines et humaines, soient votre propriété inviolable. » Alors le pape entre dans le détail des biens que possédait alors l’abbaye. Outre les onze terres déjà mentionnées, on trouve celle de Roncenay, le fief de Revisy, la forêt de Contest, les vignes, les terres et les prés de Chablis, l’île du Moulin-Neuf, l’usage des bois et des terres de ces parties de la forêt d’Othe qu’on appelait le bois de Saint-Loup, du Chasseur, du château Witon, provenant des donations d’Atton, évêque de Troyes, et d’autres biens.

Enfin le pape, désirant donner à l’abbaye toute la protection de son autorité apostolique, défend, sous les peines les plus graves, de pénétrer dans l’enceinte des granges qui lui appartiennent, d’y commettre des vols, d’y exercer des violences, d’y mettre le feu, d’enlever ou de tuer les serfs[1] et

  1. Pour exprimer le nom de serf, les bulles se servent toujours du mot latin homo, qui veut dire homme, et non serf. Le père commun des fidèles regardait tous les hommes comme