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En 1177, Lescelin de Molomme donna ses biens de Chailley à Dieu et à la bienheureuse vierge Marie de Pontigny, pour le salut de son âme. Girard Berenger et Richer, dit le Veau, abandonnèrent ce qu’ils possédaient dans la forêt d’Othe, depuis Cérilly jusqu’à Séant. Thibault Plie-le-Pied donna aussi ses biens de Chailley ; Gosbert-le-Grand donna un usage dans ses bois de Sainte-Marie en 1161.

L’abbaye de Pontigny donna alors des preuves de sa charité en recevant généreusement ceux qui étaient persécutés pour la foi. Saint Thomas archevêque de Cantorbéry et primat d’Angleterre, exilé pour la cause de la religion, s’y retira en 1164. L’abbé Guichard alla le recevoir à Sens, où était le pape Alexandre III. Le saint archevêque ne voulut point quitter Sens qu’il n’eût un habit de moine, béni de la main du pape. Pour satisfaire son humilité, on lui en remit un de grosse étoffe de laine crue, pareille à celle dont se servaient les moines de Pontigny.

Le roi d’Angleterre, irrité de la bonne réception que l’on avait faite à saint Thomas, bannit de ses états tous ceux qui avaient quelques liaisons avec lui, et fit promettre, avec serment, à tous ceux qui avaient atteint l’âge de raison, d’aller rejoindre l’archevêque, afin que la vue et les larmes de tant de malheureux l’accablassent de douleur. Les exilés arrivèrent par troupes à Pontigny ; tous furent accueillis avec un égal empressement, en sorte que plusieurs se trouvèrent mieux dans le lieu de leur exil que dans leur patrie. Cette persécution fut pour eux une sorte de triomphe. Heureuse la vie de ceux