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vocation n’était pas assez éprouvée, et qui, pour s’affranchir de l’observance,quittaient le monastère et allaient se présenter à d’autres maisons.

Lorsque le Pape parle des moines qui cultivaient leur champs de leurs propres mains, on doit l’entendre des frères convers que l’on envoyait dans les fermes. La règle de saint Benoît commandait le travail des mains ; il eut lieu en effet tant que les moines ne firent point partie du clergé proprement dit ; mais aussitôt qu’ils furent admis aux ordres sacrés il devint sinon impossible, au moins difficile que le travail manuel ne souffrît pas de notables modifications. On attachait trop de respect aux sciences et aux occupations cléricales, pour que l’opinion des peuples souffrît que les hommes du sacerdoce remplissent leur vie de travaux matériels; qui n’étaient alors que le partage des serfs.

Ces vastes travaux, qui avaient signalé les commencemens de la vie cénobitique, lorsque les moines défrichaient les forêts, cultivaient leurs déserts et leurs solitudes, ne pouvaient continuer long-temps. Des villages, des bourgs, des villes, remplis de serfs, de cultivateurs, s’étant formés successivement autour des monastères, les abbés abandonnèrent à ces agglomérations croissantes le soin de cultiver le patrimoine monastique. Bientôt les princes et les rois s’arrêtent dans les monastères avec leur suite ; et au moyen-âge, ces demeures hospitalières accueillent les pèlerins, les voyageurs, et leur rendent tous les services que nous trouvons dans nos hôtelleries modernes. Comment pourraient-elles encore s’accommoder des occupations rustiques des pre-