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de l’abbaye de pontigny.

on voit, comme à dessein, toutes les vertus d’une âme chrétienne : la Religion portant un ciboire, la Charité allaitant de petits enfans, la Pénitence tenant un fouet d’une main et le miroir de la conscience de l’autre ; la Foi, l’Espérance et la Justice, figurées par le jugement de Salomon ; et au-dessus de tous ces personnages, Jésus, sauveur du monde, montre sa croix, source de toute grâce. Malgré les injures du temps, tous ces sujets se font encore remarquer par le goût et la délicatesse de la peinture.

On voit aussi dans cette église un tableau de mérite, peint sur bois ; c’est saint Jérôme dans le désert, méditant les divines écritures. Deux cloches[1] ont échappé au pillage des révolutionnaires. Edme Dupas, brandevinier, a enrichi cette même église, sa paroisse, d’une portion considérable des reliques de saint Prix, martyrisé dans le diocèse d’Auxerre ; il en fit l’acquisition à la vente des effets du château de Régennes, en 1795. M. de Cicé, évêque d’Auxerre, exposait cette relique à la vénération publique sur l’autel de la chapelle.

Le 16 octobre 1611, un événement désastreux plongea Ligny dans la consternation et la misère, et

  1. L’inscription pompeuse qu’on lit sur la seconde cloche, fondue en 1793, montre l’enthousiasme des habitans de cette ville pour les idées du jour. « À cette époque à jamais mémorable, le despotisme fut anéanti en France, les droits sacrés de l’homme, la liberté et l’égalité, furent reconnus et consacrés, le peuple déclaré souverain et la république indivisible. Puissent le respect pour l’Être-Suprême, l’amour de la patrie, la haine des tyrans, la douce fraternité, se perpétuer d’âge en âge, et faire le bonheur de toutes les générations ! » On connaît la valeur de ces belles phrases dans la bouche de nos démagogues.