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de l’abbaye de pontigny.

fut confirmée par le pape Innocent II, en 1138. Le premier abbé se nommait Foulques.

Au milieu du seizième siècle, toute cette abbaye fut victime d’un fanatisme dont l’histoire offre peu d’exemples. L’abbé d’Ardorel avait un proche parent séduit par l’hérésie de Calvin, qui venait souvent au monastère. Il arrive un jour entre dix et onze heures du soir, et frappe à la porte de l’abbaye. Le portier, frère convers, reconnaît sa voix, et lui demande ce qui l’amène si tard. Il répond qu’il va à Toulouse, qu’il marche la nuit pour éviter la chaleur, et qu’il désire se reposer en attendant quelques amis qui doivent se joindre à lui à Ardorel. Le frère va chercher les clefs dans l’appartement de l’abbé et le fait entrer. Comme il refuse de se coucher, il le laisse dans une chambre et va se reposer. L’heure de matine arrive, ce malheureux introduit ses complices dans l’église, et à mesure que les moines viennent au chœur, ils sont poignardés par ces fanatiques, et jetés, avec leur abbé, dans un puits qui subsiste encore ; ensuite ils pillent la maison, et mettent le feu partout avant de se retirer. Un jeune religieux, qui était allé voir sa famille, revenait de grand matin ; saisi de frayeur à la vue de l’incendie et du vacarme qui régnait dans la maison, il court se réfugier à la grange de la Rhode, où deux de ses confrères, échappés au massacre, se joignent à lui. Pour se mettre en sûreté, ils bâtirent en cet endroit une maison, en forme de forteresse, composée de quatre pavillons, le cloître au-dessous. La Rhode se trouvait du diocèse de Lavaur, et Ardorel du diocèse de Castre. Cependant les