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histoire

L’étranger qui aborde ces lieux croit encore entendre l’injonction miraculeuse qui sortit du buisson ardent, quand le libérateur d’Israël fut en présence du Très-Haut : Ôte ta chaussure, car le lieu où tu te trouves est sacré. L’église est un vaste et lugubre mausolée où une foule de saints reposent dans le sommeil de la paix. Le sol de l’emplacement du chapitre et de la chapelle de saint Thomas, si vénérable à cause des sépultures qu’il renferme, a été livré par la révolution de 1789 à des mains séculières ; c’est pourquoi on verra un jour outrager la religion des tombeaux, on foulera aux pieds la cendre des Saints. Se trouvera-t-il assez de foi chez nos neveux pour arrêter de telles profanations ? Chaque commune du voisinage, chaque hameau peut revendiquer, dans cette terre sacrée, le corps d’un homme de bien, on peut dire d’un saint.

Les institutions meurent, mais la religion qui les a produites est immortelle. Malgré l’indifférence passagère de notre siècle pour tout ce qui n’est pas du domaine des intérêts positifs, espérons que la main du Tout-Puissant saura susciter d’autres institutions, appropriées aux besoins de notre époque, qui donneront à la religion le soutien et l’éclat dont elle a besoin pour accomplir ses glorieuses destinées.