Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
histoire

royale pour faire une coupe dans ses bois. L’abbé Chanlatte obtint même la permission de vendre tous les arbres de haute futaie qui se trouvaient dans les coupes.Toutes ces ressources semblaient le mettre plus à l’étroit. Il alla même jusqu’à demander les réserves qu’il avait déjà coupées, et qui n’avaient pas dix-huit ans ; mais sa conduite avait percé au grand jour. On l’obligea, au mois de septembre 1786, à abandonner toute espèce de recette à un procureur choisi parmi ses confrères. Il fallut vendre les meubles et la vaisselle de Chablis, emprunter trois cent mille livres, et, pour sûreté de ce capital, abandonner les coupes des bois et les fermages de Crécy. Cart. de Pont., t. i, p. 144.Les revenus ordinaires de l’abbaye s’élevaient alors à quatre-vingt-dix mille francs. C’est avec de pareilles ressources que l’abbé Chanlatte vivait à l’étroit et accumulait dettes sur dettes ; il ne survécut pas long-temps aux mesures indispensables qu’on avait prises à son égard. Au mois d’avril 1787, il fut attaqué d’une paralysie au côté droit, et mourut le 15 juin 1788, laissant pour quatre cent mille livres de dettes, quoiqu’on en eût déjà beaucoup acquitté.

C’est à l’abbé Chanlatte que l’on doit le bel orgue que l’on admire encore dans l’Église ; il vient de l’abbaye de Saint-Pierre de Châlons-sur-Marne, qui fut alors supprimée. C’est un des plus beaux que l’on puisse voir en France. Il acheta aussi un grand aigle pour le chœur, un dais processionnal en velours cramoisi, et un ornement noir complet.

Dans les desseins impénétrables de la Providence, l’ordre de Cîteaux touchait à sa fin. Les bases de son gouvernement n’étaient toujours pas arrêtées,