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de l’abbaye de pontigny.

garde gardienne demeura aboli. L’esprit public n’était plus celui du quinzième siècle ; les lois féodales tombaient en désuétude. Claude de Bernoul avait fait beaucoup de recherches utiles sur les archives de l’abbaye, durant le temps qu’il avait été célérier. Il prépara les matériaux dont Robinet se servit si avantageusement.

Il y avait quarante-six ans que l’église avait été brûlée, personne ne s’était occupé de la réparer. Le temps, qui consume tout, ajoutait chaque jour à ses ruines. L’abbé de Boucherat emprunta une somme considérable, la fit recouvrir, et refit en même temps la voûte en 1614 ; le reste ne fut terminé qu’en 1630.

Cet abbé était bon prédicateur, savant, d’un extérieur imposant : ses qualités lui méritèrent la connaissance et la protection du cardinal de Richelieu, premier ministre d’état. Il pouvait faire oublier tous les malheurs passés, mais il négligea ses devoirs pour rechercher la faveur des grands, ce qui lui occasionna bien des chagrins et des disgrâces. Il endetta l’abbaye, vendit des biens, des maisons, des droits, particulièrement les dix milliers de harengs que l’archevêque de Rouen devait, chaque année, sur son port de Dieppe. Sa mort arriva le jour de saint Benoît 1643. Il fut inhumé dans la chapelle de saint Thomas de Cantorbéry avec cette épitaphe en latin : Ici repose très-révérent père en Dieu, Charles de Boucherat, XXXVIIe abbé de ce monastère, qui mourut le jour de saint Benoît 1643.