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leurs têtes, ils réclament leurs depuis, leurs biens enlevés, et ils ne trouvent que déni de justice, que mauvaise foi alors ils rentrent dans leurs cellules en méditant ces paroles de leur divin Maître : Matt. 5. 11« Vous serez heureux lorsque, pour l’amour de moi, on vous persécutera, et qu’on dira toute sorte de mal contre vous, en employant le mensonge. Réjouissez-vous et soyez transportés de joie, parce qu’une grande récompense vous est réservée dans les cieux ».

Le cardinal-abbé employa les revenus de l’abbaye aux réparations des bâtimens. On ne s’occupa point de l’église pour le moment. L’ancienne église, appelée depuis la chapelle de saint Thomas, fut rétablie et servit d’église pendant quarante-six ans. Cette chapelle était fort grande elle avait un chœur, une nef et plusieurs autels. Elle avait servi d’église à l’abbaye jusqu’après l’an 1150. Comme elle ne contenait rien qui prit satisfaire l’avarice des Huguenots, et qu’elle était en mauvais état, ils n’avaient pas pris la peine de la livrer aux flammes.

Le cardinal de Ferrare résigna en partie l’abbaye de Pontigny à Jean de Victrian, religieux de l’ordre de Cîteaux, et son procureur-général. Celui-ci prit le titre de vicaire- général et d’abbé titulaire de Pontigny. Le cardinal continua de jouir des revenus, comme usufruitier. Il se démit cependant de son titre en 1577, et mourut à Rome le 30 décembre 1586.

La crise sociale du seizième siècle a fait à la foi et en particulier à l’abbaye de Pontigny un tort irréparable. Je ne parle pas de ses trésors perdus, de ses richesses dissipées ce sont des choses qui se