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tion de la jeunesse, ou au soulagement de l’humanité souffrante ? On ne peut donc s’empêcher d’applaudir au zèle charitable et éclairé des pieux fondateurs de ces utiles institutions.

Le chrétien ne se rappellera pas, sans un regret amer, qu’elles ont cessé d’exister, ces retraites salutaires et laborieuses, d’où sont sortis tant de saints et savans prélats, qui ont édifié et éclairé l’Église tant de missionnaires qui ont franchi la vaste étendue intrépides des mers, pour porter aux nations lointaines le flambeau de la foi et de la civilisation tant de savans et d’artistes auxquels les peuples policés sont redevables des plus beaux monumens de l’antiquité, et des principes de toutes les connaissances dont nos contemporains sont si fiers. Sans les manuscrits précieux des moines, que nous resterait-il des monumens de la religion, de l’histoire, des sciences, des arts et des lettres ? On pourrait même défier les contempteurs des ordres religieux de citer une science ou un genre de littérature qui n’ait pris naissance, ou qui n’ait fleuri dans quelque couvent. Les philosophes du dix-huitième siècle savaient que les cloîtres étaient, la plupart, comme des gymnases où les athlètes de la vérité se préparaient à combattre le mensonge