Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
173
de l’abbaye de pontigny.

baiser un crucifix de bois, pour le faire ressouvenir de la pauvreté et de l’humilité chrétienne.

P. 46.Voici comment les étrangers, les pèlerins étaient accueillis dans le monastère, lorsque ces maisons servaient d’hôtelleries, où les voyageurs étaient logés et nourris gratuitement pendant plusieurs jours ; il n’est pas de prévenances, d’attentions que l’on ne prodiguât à un étranger, dans la personne duquel on révérait Jésus-Christ même. Aussitôt que le portier annonçait l’arrivée d’un hôte, l’abbé, le prieur, ou un des frères préposé en leur absence à ces réceptions, accourait à sa rencontre. le saluait profondément, l’invitait à faire ensemble une courte prière, après laquelle il lui donnait le baiser de la paix. Ensuite, il le conduisait dans un oratoire, le faisait asseoir, et lisait, en sa présence, quelque passage de l’Écriture sainte. Aussitôt après, on lui prodiguait tout ce qu’une ingénieuse charité peut suggérer envers un étranger, souvent épuisé de fatigue et dans le besoin. Si c’était un jour de jeûne, l’abbé le rompait devant lui, pour l’engager à accepter sans crainte les secours que réclamait son état de fatigue ; ensuite, on lui offrait une chambre et un lit pour passer la nuit. Se trouvait-il malade ? Il pouvait compter sur tous les secours que l’on prodiguait aux frères. Le cuisinier de la maison devait toujours avoir quelque chose de prêt pour recevoir les étrangers qui arrivaient à toute heure.

Durant plusieurs siècles, ces saintes hôtelleries étaient les seules que l’on rencontrât dans certains pays, hôtelleries admirables, dans lesquelles l’étranger était accueilli avec la plus cordiale amitié, avec