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de l’abbaye de pontigny.

la force ; si on était trop faible, on abandonnait la ferme, qui était pillée et souvent incendiée. Le successeur de Nicolas se plaignait, en 1372, que les vignes de Chablis demeuraient en partie incultes, à cause des guerres et de la rareté des ouvriers, en sorte que ces vignes ne produisaient pas même cinq muids de vin. C’était la rente que l’on en payait à l’abbaye de Saint-Germain, c’est pourquoi il fut convenu que l’on paierait quatre sous de rente par arpent au lieu de cinq muids de vin. Faut-il s’étonner si l’abbaye de Pontigny ne pouvait pas même payer ses impôts ? Les principaux moines étaient alors, Jean d’Esnon, prieur ; Hugues de Ligny, sous-prieur ; Étienne d’Irancy, portier ; Jean de Pacy, célérier ; Jean de Chablis, sous-célérier ; Humbert de Gendrey, trésorier ; Jean de Brienon, chantre ; Guillaume d’Avrolles, Jean de Senevoy, Jean d’Ervy, Jean Gamache, Andrey de Rosoy, Thomas de Saint-Maurice et Drouhin de Lichères.

Après onze ans d’une administration sage, à travers des temps calamiteux, l’abbé Nicolas termina sa vie par la mort la plus édifiante. Peu de jours avant, il reçut les derniers sacremens avec une foi vive et une tendre piété. Les religieux, assemblés à cette cérémonie, furent touchés jusqu’aux larmes. Il leur donna sa bénédiction, et dès-lors il ne s’occupa plus que de son éternité. La mort n’était point pour lui un objet d’horreur ; il l’envisagea comme le terme de ses maux avec ce calme et cette tranquillité d’âme que donnent une foi sincère, une conscience pure et le souvenir d’une vie passée dans la pratique de toutes les vertus religieuses. Il ne cessa pas de prier,