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histoire

il appartient désormais à la comtesse de Tonnerre et à ses successeurs, sans toutefois nuire à la justice de l’abbaye. La comtesse ne fera plus de haies pour chasser dans les bois ; elle sera libre d’employer des chiens, des furets ou des filets pour chasser dans les vignes et dans les jardins, pourvu qu’elle ne fasse point de dommage. S’il arrivait que l’on trouvât une bête fauve sur le territoire de la grange de Sainte-Porcaire, on doit la lui donner. Les bergers ou les pâtres qui gardent le bétail dans le canton de Sainte-Porcaire, prêteront serment à elle, à ses successeurs, ou à leur fondé de pouvoir, dans l’église de Ligny-le-Châtel, qu’ils ne laisseront pas courir leurs chiens après une grosse bête fauve. Ce serment prêté, ils pourront conduire leurs chiens sans laisse. Le prévôt de Ligny-le-Châtel, ses sergens, les gardes forestiers, prêteront aussi serment dans la même église, qu’ils n’exerceront aucune juridiction sur les lieux dont la justice appartient aux moines. Dans le cas. dit la comtesse, où la châtellenie de Ligny-le-Châtel serait détachée du comté de Tonnerre, je veux, pour le bien de l’abbaye, que son ressort soit toujours à Tonnerre. Ces détails nous font connaître les mœurs des grands à la fin du treizième siècle. La vaine prérogative d’un droit de justice ou d’un droit de chasse, qu’ils n’avaient quelquefois jamais occasion d’exercer, suffisait pour exciter des procès énormes, ou pour soulever des guerres désastreuses. Nous allons bientôt voir le comte de Tonnerre revenir sur l’accord de la comtesse Marguerite, et remporter une funeste victoire.