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avec des intentions tellement criminelles, qu’ils en veulent plus à vos personnes qu’à vos biens ils vous traînent malicieusement devant les tribunaux, et à différentes reprises, en vous montrant de fausses lettres apostoliques ; ils espèrent, qu’étant fatigués de faire des démarches et des dépenses, vous abandonnerez les procès ou que vous souscrirez à des arrangemens ruineux. Nous savons, par expérience, combien il est amer d’être distrait de la contemplation pour suivre des procès odieux : afin donc que la sagesse soit victorieuse du mal, nous allons pourvoir à votre tranquillité, autant que nous le pouvons, avec le secours de Dieu. Nous vous autorisons, par nos lettres apostoliques, à ne paraître que deux fois devant les tribunaux pour chacun de vos biens. » On voit, par les canons du grand concile de Latran, et par ceux du premier concile de Lyon, à quels excès était montée la subtilité des plaideurs pour éluder toutes les lois et les faire servir de prétexte à l’injustice. Or, les avocats et les praticiens en qui dominait cet esprit de chicane, étaient le plus souvent des clercs, car ils étaient alors les seuls qui étudiassent la jurisprudence civile ou canonique. L’avidité du gain faisait oublier l’esprit de l’Évangile, qui n’est que sincérité, candeur, charité et désintéressement.

Ibid.Une bulle du pape, datée de Lyon, en 1249, nous apprend une coutume singulière, qui avait prévalu dans nos pays pour obtenir justice. Avait-on un sujet de plainte contre quelqu’un ? si celui-ci ne voulait pas donner satisfaction, on enlevait une personne de sa maison, son bétail, ou toute autre chose, et