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que je n’ai désiré que vous sur la terre, et vous voyez que mon cœur ne désire autre chose que l’accomplissement de votre sainte volonté. » Il passa le reste du jour dans une ferveur admirable, et on aurait dit, à la sérénité de son visage, qu’il ne sentait plus de mal. Le lendemain, il reçut l’extrême-onction : depuis ce moment, il voulut toujours avoir un crucifix à la main, et il ne cessait de baiser amoureusement les plaies du Sauveur. La dévotion qu’il avait eu pour le nom sacré de Jésus semblait redoubler à chaque instant. Enfin, il expira doucement, à Soissy, le 16 novembre 1242. On enterra ses entrailles à Provins, et son corps fut reporté à Pontigny, où il arriva le jour de saint Edmond, selon sa prédiction. Sept jours a près, on l’inhuma dans le sanctuaire, devant le grand autel, avec beaucoup de solennité[1].

Comme la mémoire de saint Edme était demeurée en grande vénération, les peuples qu’il avait instruits, et édifiés pendant sa vie, vinrent prier sur son tombeau. Le bruit des miracles qui s’y opéraient, franchit bientôt les limites de la province. On s’occupa de sa canonisation. Six ans après, elle fut terminée, et sa translation annoncée pour le 9 juin 1247. Dès la veille, on vit arriver à Pontigny une foule considérable des pays voisins, attirée par la nouveauté de cette grande cérémonie. Tous les nobles

  1. Voyez Vie des Saints, de Godescard, t. xi, p. 208 édit. in-12. On y trouve aussi les auteurs contemporains qui ont écrit sa vie. On a de saint Edme un traité de piété qui a pour titre le Miroir de l’Église, qu’il composa pour l’édification des moines de Pontigny.