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histoire

ceux de la fortune. Son père quitta le monde, et se fit religieux, du consentement de son épouse. Celle-ci se chargea du soin d’élever leurs enfans. Quoique restée dans le monde, elle menait une vie pénitente, portait habituellement le cilice, et assistait assiduement aux matines, qui se disaient la nuit. Elle n’avait rien tant à cœur que d’inspirer ses esentimens de foi à ses enfans. C’est par ses conseils qu’Edme récitait tout le psautier à genoux, les dimanches et les fêtes, avant de prendre aucune nourriture. Les vendredis, il ne vivait que de pain et d’eau. Edme était alors doux, affable, docile, complaisant, n’ayant d’autre volonté que celle de sa mère et de ses maîtres.

Il fit de rapides progrès dans ses études, se distinguant surtout par sa ferveur dans le service de Dieu. On l’envoya à Paris, avec son frère, pour y finir ses cours. Mabile, leur mère. donna à chacun d’eux un cilice, leur conseillant de le porter deux ou trois jours par semaine, pour se prémunir contre les attraits de la volupté, qui sont si dangereux pour la jeunesse. Lorsqu’elle leur envoyait des vêtemens, ou d’autres choses pour leur usage, elle y joignait quelque instrument de pénitence, pour leur rappeler la nécessité de la mortification.

Cette vertueuse mère, sentant approcher sa fin, fit venir Edme, lui donna sa bénédiction, et lui recommanda particulièrement le soin de ses sœurs. Aussitôt qu’Edme eut rendu les derniers devoirs à sa mère, il s’occupa de leur établissement ; mais elles le tirèrent bientôt d’embarras, en demandant à entrer dans l’état religieux. Déchargé de ce côté, il revint à Paris pour achever ses études. Il renouvela