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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

créé un petit talent d’agrément comme le vôtre. Mais chacun se distrait comme il peut !… Moi, je m’amuse à frotter à la maison… Que voulez-vous ? … Il faut bien avoir l’esprit occupé… »

M. D…, peintre amateur, fort estimé en sa qualité d’ancien notaire royal dans la petite ville de C…, avise un jour sur les ruines du vieux château un artiste étranger à la localité. Il s’approche, regarde, et jugeant d’un coup d’œil capable à qui il a affaire :

« Vous êtes sans doute peintre amateur ? dit-il avec une nuance de dédain peu flatteuse.

— Pardon, monsieur, répondit le paysagiste avec une fine modestie, j’en fais mon état…

— Le malheureux ! pensa notre compatissant bourgeois en s’éloignant ; il ne doit pas dîner tous les jours, celui-là ! »

Ce malheureux, si fort à plaindre vraiment, — c’était Corot !