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L’ÉTÉ DU PAYSAGISTE.

qua. Une bande de maraudeurs « exerçait » depuis quelque temps dans la localité et s’était particulièrement distinguée dans le domaine que Desbrosses examinait tout à l’heure, de son poste d’observation, avec une attention sur le mobile de laquelle il était permis de se méprendre.

Heureusement l’on rencontre aussi des Mécènes au village, et je goûterais assez leur manière de protéger les arts.

Certain meunier aperçoit un peintre installé devant son moulin. Il l’aborde, et c’est plaisir d’entendre les naïves exclamations par lesquelles il salue, à mesure qu’ils naissent sous le pinceau, la vanne et la roue à demi cachée dans les pilotis, et les saules au bord du canal, et le rayon de soleil qui donne à tout cela la vibration et le frémissement. Tout à coup il court au moulin et revient avec un magnifique poulet qu’il prie en grâce le peintre de vouloir bien accepter. Un refus eût navré le pauvre homme ; Corot, — car c’était lui, — prit le poulet à la condition que le meunier en viendrait manger sa part ; et un verre de vin cimenta une sympathie qu’une commune attraction pour le moulin avait déjà si doucement éveillée.