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LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

des habitations semées çà et là dans les vergers ; bientôt émergent d’un pli du vallon quelques toits pressés autour d’une flèche ardoisée, et à travers de capricieux bouquets d’aunes et de saules luit le ruban argentin d’une petite rivière. C’est le village que notre paysagiste, guidé par son instinct ou par les indications d’un ami sûr, a choisi pour son centre d’opérations. En entrant dans le pays, il va droit à l’unique enseigne qui lui promet un gîte. Il entre résolûment à ce Soleil d’or ou à ce Cheval blanc quelconque. Il y sera mal ; mais il y sera libre ! ! Et la plus piètre auberge, — il le sait par expérience, — est mille fois préférable à la plus confortable hospitalité bourgeoise, à moins que ce ne soit le cœur d’un ami qui vous l’offre, — d’un ami de la veille, bien entendu !

Donc, restons à l’auberge, où l’on dîne en guêtres, en compagnie de son idée fixe, où il n’y a pas nécessité d’être aimable le soir, où l’on se couche tout bêtement quand on est fatigué… ainsi fera notre paysagiste. Pour le moment, il se débarrasse avec volupté de son bagage ; et, en attendant le repas qu’annonce une vague odeur de choux et de petit salé, il roule une cigarette et s’empare du foyer où pétille