Page:Henriet - Le paysagiste aux champs, 1876.djvu/253

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LE PAYSAGISTE AUX CHAMPS.

ami qui ne savait plus à quel saint se vouer — c’est dessiné, c’est peint, c’est exécuté… (et c’était vrai à un certain point de vue), mais qu’est-ce qu’ils veulent donc ?… qu’est-ce qu’ils veulent ? »

Ayons donc quelque indulgence pour ces douloureux malentendus, pour ces excusables méprises de l’amour-propre. Ce serait d’ailleurs manquer à la fois de justice et de sagacité que de reprocher, sans ménagement, à l’artiste un défaut dont, après tout, il n’a pas le monopole exclusif. Car les désœuvrés et les oisifs, qui n’ont pas les mêmes excuses à faire valoir, ne sont point, eux non plus, dépourvus de vanité. Seulement, j’en conviens, l’homme du monde, dont les facultés sont généralement bien équilibrées dans l’ordre des qualités négatives, sait mieux que l’artiste éviter le ridicule. Il a le tact de se surveiller, de se contenir, de s’effacer même : affaire d’éducation. Le peintre, lui, être tout expansif et primesautier, femme par les nerfs, enfant par l’ingénuité, ne connaît pas les habiles réticences de la fausse modestie. Il a la vanité naïve, voilà tout. Il se livre, sans songer aux sots qui guettent l’aveu de ses ambitions, de ses haines artistiques, ses jugements outrés