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THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA LUMIÈRE

la couleur du rayon lumineux et n’est pas le même pour un rayon ordinaire et un rayon extraordinaire dans un milieu biréfringent. Il en résulte que la vitesse d’entraînement de l’éther n’est pas la même suivant qu’on considère un rayon extraordinaire ou ordinaire ou encore deux rayons de couleurs différentes. On a pu vérifier, au moyen d’expériences suffisamment précises, que le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire ne sont pas entraînés de la même manière. Aussi ne doit-on pas admettre, comme paraît le faire Fresnel, que la vitesse d’entraînement de l’éther est indépendante de la longueur d’onde de la lumière et égale à la valeur moyenne des valeurs qu’elle prend pour une infinité de valeurs de la longueur d’onde.

Fresnel supposait que, quand un milieu transparent est en mouvement, la masse d’éther entraînée par le mouvement était l’excès de la masse contenue dans le milieu en mouvement sur la masse qui serait contenue dans un même volume du milieu environnant. En appelant la densité de l’éther dans ce dernier, la densité dans le milieu en mouvement, sera la densité de l’éther entraîné. Pour avoir la vitesse apparente d’entraînement de l’éther contenu dans le milieu en mouvement, nous n’avons qu’à chercher la vitesse du centre de gravité de deux molécules et dont l’une a pour masse et reste en repos et dont l’autre a pour masse et possède la vitesse du milieu en mouvement. Si nous appelons la vitesse du centre de gravité, nous aurons, en appliquant le théorème des quantités de mouvement,