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THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA LUMIÈRE
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faisant mouvoir l’eau des tubes en sens opposé, on constatait un déplacement des franges. Ce déplacement était, pour une vitesse de mètres par seconde de l’eau des tubes, de du micromètre, soit presque d’une demi-frange, une frange entière occupant du micromètre. Le calcul effectué dans l’hypothèse où la vitesse d’entraînement de l’éther est donnée par l’expression précédente conduit à une valeur du déplacement très voisine de celle trouvée expérimentalement. En outre le déplacement avait lieu tantôt à droite, tantôt à gauche suivant le sens du mouvement de l’eau.

Le déplacement des franges était bien dû à ce mouvement, car, en faisant, au moyen de miroirs, traverser successivement les deux tubes aux deux rayons lumineux avant de les faire interférer, on évitait les différences de marche qui auraient pu résulter de variations inégales de la température ou de la pression dans les tubes.

Les mêmes expériences tentées en remplaçant l’eau par de l’air n’ont donné aucun résultat ; le calcul conduit aussi à un déplacement inappréciable des franges même pour des valeurs considérables de la vitesse de l’air.

Tout récemment, deux physiciens américains, MM. Michelson et Morley ont repris les expériences de M. Fizeau avec un appareil de plus grandes dimensions[1]. L’eau circulait dans des tubes de mètres de longueur sous une pression de mètres de hauteur d’eau. Le déplacement de la frange centrale a atteint presque une frange entière (). Avec l’air animé d’une vitesse de mètres par seconde le déplacement

  1. American Journal of Science, vol. xxxi, mai 1886.