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THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA LUMIÈRE

Comme l’angle est très petit, on peut confondre la valeur de l’angle avec celle de sa tangente ou de son sinus ; par conséquent nous retrouvons pour le maximum de la même valeur que par l’explication de Bradley.

Ce raisonnement suppose que l’éther contenu dans la lunette est immobile dans l’espace, qu’il ne participe pas au mouvement de la Terre. En effet, quand un milieu élastique se déplace, les vibrations qu’il transmet participent à ce mouvement ; ainsi, on sait que la vitesse du son dans l’air en mouvement dépend de la vitesse de l’air, et l’influence du vent sur la vitesse de propagation du son en est une preuve évidente. Par conséquent si l’éther contenu dans la lunette se trouvait entraîné avec elle, la vitesse de propagation de la lumière dans le tube de la lunette serait la composante de la vitesse et de la vitesse d’entraînement du milieu élastique. Mais d’autre part, l’observateur participant au mouvement de la Terre, la vitesse relative de la lumière serait pour lui la résultante de et de c’est-à-dire Les phénomènes observés seraient donc les mêmes que si l’éther et l’observateur étaient immobiles ; par suite il n’y aurait pas d’aberration, conséquence contraire à l’expérience.

234. L’éther engagé dans un milieu matériel en mouvement est partiellement entraîné. — Mais l’éther est-il immobile quand il traverse un milieu plus réfringent que l’air ? Une expérience des astronomes de Greenwich nous permet de répondre que l’éther est partiellement entraîné et que sa vitesse d’entraînement dépend de l’indice de réfraction de la substance traversée par la lumière. Dans l’air même il devrait y avoir un entraînement partiel de l’éther, très faible il