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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

donna à son pays tout ce qu’une âme forte peut obtenir d’un corps débile.

Puis après les heures sombres de la guerre, vint l’heure plus sombre encore de la paix, celle où la France dut se résigner à cette grande douleur, qui nous laisserait deux fois inconsolables, si jamais nos fils semblaient s’en consoler.

Oh ! alors, comme il renie ses erreurs d’autrefois et de quel élan il écrit son poème du Repentir ; comme il aime la France et ceux qui sont morts pour elle :


Si tous les hommes sont mes frères,
Que me sont désormais ceux-là !


Pendant plusieurs années, il ne voulut plus lire un journal. Permettez-moi cependant de signaler une nuance qui nous étonne, nous autres gens de l’Est. Pour lui le souvenir des frères séparés et qui souffrent demeure au second plan. Ce qui efface tout, c’est l’idée de la patrie abaissée et le regret de la grandeur perdue.

Et pourtant il ne pouvait arriver à haïr. C’est que la patrie n’est pas un simple syn-