Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la physique, et pourtant ne parler ici que de ses écrits, ce serait donner de son rôle une idée incomplète et fausse.

Il était de ces hommes qui sont plus grands que leur œuvre, dont l’influence vivra plus longtemps que le nom, de ces hommes aussi qui font moins qu’ils ne font faire. Son action, sur tous les physiciens qui l’ont connu, fut très grande ; elle fut constante et très fructueuse.

Et d’abord il a agi par son enseignement ; à l’École Polytechnique, il fut répétiteur dès 1867 et prit tout de suite beaucoup d’influence sur les élèves; en 1881, il devint professeur ; son cours, très substantiel, très bourré de faits, imprégné de l’esprit expérimental, fut admiré de tous les élèves ; quelques-uns, il faut l’avouer, le trouvaient trop complet. Est-ce là un reproche ? ceux qui n’y pouvaient pas consacrer assez de travail pour se l’assimiler tout entier, en tiraient d’autant plus de profit qu’ils avaient dû y consacrer plus d’efforts, et les plus forts y trouvaient tout ce qu’ils souhaitaient. Ce n’était pas sa faute, du reste, si la science physique pro-