Bien des personnes ont pu croire que, comme tous les juges qui se trompent rarement, il persévérait volontiers dans ses erreurs. Je dois avouer que je l’ai cru longtemps moi-même, jusqu’à ce qu’un exemple frappant m’ait détrompé.
Ces mêmes qualités faisaient de lui pour l’École Polytechnique un examinateur précieux. Dans cette tâche délicate, bien des écueils sont à éviter ; il faut, dans le peu de temps dont on dispose, découvrir la véritable valeur des candidats sous le vernis uniforme dû à l’art des préparateurs. Cela ne suffit pas encore ; il faut faire accepter son arrêt par le public qui assiste aux examens et qui n’a pas toujours l’habitude de distinguer la réalité de l’apparence ; pour cela ce n’est pas assez de deviner la vérité, il faut forcer le candidat à la faire éclater par ses réponses.
Il faut, en un mot, un jugement prompt et droit, éclairé et sûr de lui-même, qui n’est donné qu’à de rares privilégiés et qu’Halphen possédait au plus haut degré.