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le rapport de deux événements survenus dans deux théâtres différents en disant que l’un sera regardé comme antérieur à l’autre s’il peut être considéré comme la cause de l’autre. Cette définition devient insuffisante ; dans cette Mécanique Nouvelle, il n’y a pas d’effet qui se transmette instantanément ; la vitesse de transmission maximum est celle de la Lumière ; dans ces conditions il peut arriver que l’événement ne puisse être (en vertu de la seule considération de l’espace et du temps) ni l’effet ni la cause de l’événement , si la distance des lieux où ils se produisent est telle que la Lumière ne puisse se transporter en temps utile ni du lieu de au lieu de , ni du lieu de au lieu de .

Quelle va être notre position en face de ces nouvelles conceptions ? Allons-nous être forcés de modifier nos conclusions ? Non certes : nous avions adopté une convention parce qu’elle nous semblait commode, et nous disions que rien ne pourrait nous contraindre à l’abandonner. Aujourd’hui certains physiciens veulent adopter une convention nouvelle. Ce n’est pas qu’ils y soient contraints ; ils jugent cette convention nouvelle plus commode, voilà tout ; et ceux qui ne sont pas de cet avis peuvent légitimement conserver l’ancienne pour ne pas troubler leurs vieilles habitudes. Je crois, entre nous, que c’est ce qu’ils feront encore longtemps.