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CHAPITRE II

L’ESPACE ET LE TEMPS

Une des raisons qui m’ont déterminé à revenir sur une des questions que j’ai le plus souvent traitées, c’est la révolution qui s’est récemment accomplie dans nos idées sur la Mécanique. Le principe de relativité, tel que le conçoit Lorentz, ne va-t-il pas nous imposer une conception entièrement nouvelle de l’espace et du temps et par là nous forcer à abandonner des conclusions qui pouvaient sembler acquises ? N’avons-nous pas dit que la géométrie a été construite par l’esprit à l’occasion de l’expérience, sans doute, mais sans nous être imposée par l’expérience, de telle façon que, une fois constituée, elle est à l’abri de toute révision, elle est hors d’atteinte de nouveaux assauts de l’expérience ? et cependant les expériences sur lesquelles est fondée la mécanique nouvelle ne semblent-elles pas l’avoir ébranlée ? Pour voir ce qu’on en doit penser, je dois rappeler succinctement quelques-unes des idées