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principes resteront saufs ; que ce sera par eux que se feront les changements et que ces révolutions mêmes paraîtront en être une confirmation éclatante.

Il n’arrivera même pas qu’on constatera des variations par l’expérience ou par l’induction, et qu’on les expliquera après coup en cherchant à tout faire rentrer dans une synthèse plus ou moins artificielle. Non, ce sera la synthèse qui viendra d’abord, et si nous admettons des variations, ce sera pour ne pas la déranger.

XI

Jusqu’ici nous n’avons pas semblé nous inquiéter de savoir si les lois varient réellement, mais seulement si les hommes peuvent les croire variables. Les lois considérées comme existant en dehors de l’esprit qui les crée ou qui les observe sont-elles immuables en soi ? Non seulement la question est insoluble, mais elle n’a aucun sens. À quoi bon se demander si dans le monde des choses en soi les lois peuvent varier avec le temps, alors que dans un pareil monde, le mot de temps est peut-être vide de sens ? De ce que ce monde est, nous ne pouvons rien dire, ni rien penser, mais seulement de ce qu’il paraît ou pourrait paraître à des intel-