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moléculaires, l’agencement des molécules a dû être autrefois différent de ce qu’il est aujourd’hui, et par conséquent que les lois observables n’ont pas toujours été les mêmes. Nous conclurions donc à la variabilité des lois, mais, qu’on le remarque bien, ce serait en vertu même du principe de leur immutabilité. Nous affirmerions que les lois apparentes ont changé, mais ce serait parce que les lois moléculaires, que nous regarderions désormais comme les vraies lois, seraient proclamées immuables.

X

Ainsi il n’est pas une seule loi que nous puissions énoncer avec la certitude qu’elle a toujours été vraie dans le passé avec la même approximation qu’aujourd’hui, je dirai plus, avec la certitude qu’on ne pourra jamais démontrer qu’elle a été fausse autrefois. Et néanmoins, il n’y a rien là qui puisse empêcher le savant de garder sa foi au principe de l’immutabilité, puisque aucune loi ne pourra jamais descendre au rang de loi transitoire, que pour être remplacée par une autre loi plus générale et plus compréhensive ; qu’elle ne devra même sa disgrâce qu’à l’avènement de cette loi nouvelle, de sorte qu’il n’y aura pas eu d’interrègne et que les