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données suffisent pour définir cet état. À l’instant postérieur, ces données seront par exemple et  ; à l’instant antérieur et .

La formule du mathématicien, construite avec l’ensemble des lois observées, lui apprend que l’état ne peut avoir été engendré que par l’état antérieur  ; mais s’il ne connaît que l’une des données, par exemple, sans savoir si elle est accompagnée de l’autre donnée , sa formule ne lui permet aucune conclusion. Tout au plus, si les phénomènes et lui apparaissent comme liés entre eux, mais relativement indépendants de et de , conclura-t-il de à  ; en aucun cas, il ne déduira la double circonstance et de la circonstance unique . Le géologue, au contraire, observant l’effet seul, conclura qu’il n’a pu être produit que par le concours des causes et qui lui donnent souvent naissance sous nos yeux ; car dans bien des cas cet effet est tellement spécial, qu’un autre concours de causes aboutissant au même effet serait absolument invraisemblable.

Si deux organismes sont identiques ou simplement analogues, cette analogie ne peut pas être due au hasard, et nous pouvons affirmer qu’ils ont vécu dans des conditions pareilles ; en en retrouvant les débris, nous serons sûrs, non seulement qu’il a préexisté un germe analogue à celui d’où