pourrait discuter, — mais le dépôt des couches où on trouve des restes de végétaux ou d’animaux qui n’ont pu vivre sans soleil, a exigé un nombre d’années peut-être dix fois plus grand.
Ce qui a rendu la contradiction possible, c’est que le raisonnement sur lequel repose l’évidence géologique diffère beaucoup de celui du mathématicien. Observant des effets identiques, nous concluons à l’identité des causes, et par exemple en retrouvant les restes fossiles d’animaux appartenant à une famille actuellement vivante, nous concluons qu’à l’époque où s’est déposée la couche qui contient ces fossiles, les conditions sans lesquelles les animaux de cette famille ne sauraient vivre, se trouvaient toutes réalisées à la fois.
Au premier abord, c’est bien la même chose que faisait le mathématicien, dont nous avions adopté le point de vue dans les paragraphes précédents ; lui aussi il concluait que, les lois n’ayant pas changé, des effets identiques ne pouvaient avoir été produits que par des causes identiques. Il y a toutefois une différence essentielle. Considérons l’état du monde, à un instant donné, et à un autre instant antérieur ; l’état du monde, ou même celui d’une très petite partie du monde est quelque chose d’extrêmement complexe et qui dépend d’un très grand nombre d’éléments. Je suppose, pour simplifier l’exposé, deux éléments seulement, de sorte que deux