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dum qu’elles ont évolué, tout en étant à tout jamais impuissants à savoir dans quel sens.

Comme notre processus est réversible, ce que nous venons de dire s’applique à l’avenir, et il semble qu’il y ait des cas où nous pourrions affirmer qu’avant telle date le monde doit périr ou changer ses lois ; si par exemple le calcul nous montre qu’à cette date, l’une des quantités que nous avons à envisager doit devenir infinie, ou prendre une valeur physiquement impossible. Périr, ou changer ses lois, c’est à peu près la même chose ; un monde qui n’aurait plus les lois du nôtre, ce ne serait plus notre monde, c’en serait un autre.

Est-il possible que l’étude du monde actuel et de ses lois nous conduise à des formules exposées à de semblables contradictions ? Les lois sont obtenues par l’expérience ; si elles nous enseignent que l’état du dimanche entraîne l’état du lundi, c’est qu’on a observé les deux états et  ; c’est donc qu’aucun de ces deux états n’est physiquement impossible. Si nous poursuivons le processus, et si nous concluons en passant chaque fois d’un jour au jour suivant, de l’état à l’état , puis de l’état à l’état , puis de l’état à l’état , etc., c’est que tous ces états sont physiquement possibles ; car si l’état par exemple ne l’était pas, on n’aurait jamais pu faire d’expérience prouvant que l’état