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CHAPITRE IX

L’UNION MORALE[1]

L’Assemblée d’aujourd’hui réunit des hommes dont les idées sont fort différentes et que rapprochent seulement une commune bonne volonté et un égal désir du bien ; je ne doute pas néanmoins qu’ils ne s’entendent facilement, car s’ils n’ont pas le même avis sur les moyens, ils sont d’accord sur le but à atteindre, et c’est cela seul qui importe.

On a pu lire récemment, on peut lire encore sur les murs de Paris des affiches qui annoncent une conférence contradictoire sur « le conflit des Morales ». Ce conflit existe-t-il, devrait-il exister ? Non. La morale peut s’appuyer sur une foule de raisons ; il y en a qui sont transcendantes, ce sont

  1. Cette allocution a été prononcée par Henri Poincaré à la séance inaugurale de la Ligue Française d’Éducation Morale, le 26 juin 1912, trois semaines avant sa mort. C’est la dernière fois qu’il ait parlé en public.