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y avoir des gêneurs du dedans qu'il a enfermés avec lui dans son mur. Si la Menge a une infinité d’éléments, cela veut dire non que ces éléments puissent être conçus comme existant d'avance tous à la fois, mais qu'il peut sans cesse en naître de nouveaux ; ils naîtront à l'intérieur du mur, au lieu de naître dehors, voilà tout. Quand je parle de tous les nombres entiers, je veux dire tous les nombres entiers qu'on a inventés et tous ceux qu'on pourra inventer un jour ; quand je parle de tous les points de l'espace, je veux dire tous les points dont les coordonnées sont exprimables par des nombres rationnels, ou par des nombres algébriques, ou par des intégrales, ou de toute autre manière que l'on pourra inventer. Et c'est ce « l’on pourra » qui est l’infini. Mais on pourra en inventer que l'on définira de bien des façons, et si nous reprenons comme tout à l'heure notre question et notre classe , la question se pose de nouveau chaque fois qu'on définira un nouvel élément de  ; or, parmi ces éléments que nous pourrons définir, il y en aura dont la définition dépendra de cette classe . De sorte que le cercle vicieux n'aura pu être évité.

Voilà pourquoi les axiomes de M. Zermelo du sauraient me satisfaire. Non seulement ils ne me semblent pas évidents, mais quand l'on me demandera s'ils sont exempts de contradiction, je ne