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vons rendre en français par les mots tous et quelconque.

Il est ainsi conduit à imaginer ce qu’il appelle la hiérarchie des types. Soit une proposition vraie d’un individu quelconque d’une classe donnée. Par un individu quelconque, nous devons entendre d’abord tous les individus de cette classe que l’on peut définir sans se servir de la notion de la proposition elle-même. Je les appellerai des individus quelconques du 1er ordre ; quand j’affirmerai que la proposition est vraie de tous ces individus, j’affirmerai une proposition du 1er ordre. Un individu quelconque du 2e ordre, ce sera alors un individu dans la définition duquel pourra intervenir la notion de cette proposition du ler ordre. Si j’affirme la proposition de tous les individus du 2e ordre, j’aurai une proposition du 2e ordre. Les individus du 3e ordre seront ceux dans la définition desquels peut intervenir la notion de cette proposition du 2e ordre ; et ainsi de suite.

Prenons l’exemple de l’Épiménide. Un menteur du 1er ordre sera celui qui ment toujours sauf quand il dit je suis un menteur du 1er ordre ; un menteur du 2e ordre sera celui qui ment toujours même quand il dit je suis un menteur du 1er ordre, mais qui ne ment plus quand il dit je suis un menteur du 2e ordre. Et ainsi de suite. Et alors quand Epiménide nous dira : je suis un menteur, nous pourrons