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INTRODUCTION. 21 VIII. RÉFLEXIONSdiverses. Il y aurait beaucoup d'autres questions à soulever, si je voulais les aborder avant d'avoir résolu celle que je m'étais plus spécialement proposée. Quand nous constatons un résultat simple, quand nous trouvons un nombre rond, par exemple, nous disons qu'un pareil résultat ne peut pas être dû au hasard, et nous cherchons pour l'expliquer une cause non fortuite. Et, en effet, il n'y a qu'une très faible probabi- lité pour qu'entre 10000 nombres, le hasard amène un nombre rond, le nombre joooo par exemple; il y a seule- ment une chance sur 10000. Mais il n'y a non plus qu'une chance sur 10000 pour qu'il amène n'importe quel autre nombre; et cependant ce résultat ne nous étonnera pas, et il ne nous répugnera pas de l'attribuer au hasard; et cela simplement parce qu'il sera moins frappant. Y a-t-il là, de notre part, une simple illusion, ou bien y a- t-il des cas où cette façon de voir est légitime? Il faut l'es- pérer, car, sans cela, toute science serait impossible. Quand nous voulons contrôler une hypothèse, que faisons-nous? Nous ne pouvons en vérifier toutes les conséquences, puis- qu'elles seraient en nombre infini; nous nous contentons d'en vérifier quelques-unes et, si nous réussissons, nous déclarons l'hypothèse confirmée, car tant de succès ne sau- raient être dus au hasard. Et c'est toujours au fond le même raisonnement. Je ne puis ici le justifier complètement, cela me prendrait trop de temps; mais je puis dire au moins ceci nous nous trouvons en présence de deux hypothèses, ou bien une cause simple, ou bien cet ensemble de causes complexes que nous appelons le hasard. Nous trouvons naturel d'ad-