Page:Henri Poincaré - Calcul des probabilités, 1912.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

8 INTRODUCTION. tité finie. Si alors la molécule subit deux chocs successifs, il suffira de la dévier, avant le premier choc, d'une quantité infiniment petite du second ordre, pour qu'elle le soit, après le premier choc, d'une quantité infiniment petite du pre- mier ordre et, après le second choc, d'une quantité finie. Et la molécule ne subira pas deux chocs seulement, elle en subira un très grand nombre par seconde. De sorte que si le premier choc a multiplié la déviation par un très grand nombre A, après n chocs, elle sera multipliée par A"; elle sera donc devenue très grande, non seulement parce que A est grand, c'est-à -dire parce que les petites causes pro- duisent de grands effets, mais parce que l'exposant n est grand, c'est-à -dire parce que les chocs sont très nombreux et que les causes sont très complexes. Passons à un deuxième exemple; pourquoi, dans une averse, les gouttes de pluie nous semblenl-elles distribuées au hasard? C'est encore à cause de la complexité des causes qui déterminent leur formation.'Des ions se sont répandus dans l'atmosphère, pendant longtemps ils ont été soumis à des courants d'air constamment changeants, ils ont été entraînés dans des tourbillons de très petites dimensions, de sorte que leur distribution finale n'a plus aucun rapport avec leur distribution initiale. Tout à coup, la température s'abaisse, la vapeur se condense et chacun de ces ions devient le centre d'une goutte de pluie. Pour savoir quelle sera la distribution de ces gouttes et combien il en tombera sur chaque pavé, il ne suffirait pas de connaître la,situation initiale des ions, il faudrait supputer l'effet de mille cou- rants d'air minuscules et capricieux. Et c'est encore la même chose si l'on met des grains de poussière en suspension dans l'eau; le vase est sillonné par des courants dont nous ignorons la foi, nous savons seule-