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sur deux autres difficultés que nous aurons à examiner en détail. Généralement dans les recherches sur l'électricité on admet que les déformations des corps élastiques sont très petites ; ici une semblable- hypothèse n'est plus permise ; dans un champ magné- tique constant la vitesse de l'éther est également constante d'après l'hypothèse de Larmor, et toujours dans le même sens. Au bout d'un certain temps, les molécules d'éther doivent avoir éprouvé des déplacements.sensibles, et cela même en supposant cette vi- tesse constante très petite ; car dans les corps magnétiques, il faut supposer l'existence de courants particulaires permanents qui doivent durer depuis l'origine du monde, bien qu'ils ne se manifestent que quand le corps est « magnétisé » .c'est-à-dire quand tous ces petits courants sont ramenés par une cause exté- rieure à une orientation commune. Quelque petite que soit la vitesse de l'éther, un mouvement qui se produit toujours dans le même sens depuis l'origine du monde, a nécessairement, produit des déplacements considérables. En second lieu, dans un champ magnétique, l'éther est sup- posé en mouvement et il devrait entraîner les ondes lumi- neuses. M. Larmor dit à ce sujet à la fin de son travail : «  Le professeur 0. Lodge a bien voulu examiner l'effet-d'un » champ magnétique sur la vitesse delà lumière; mais n'a pu » en décéler- aucun, bien que les moyens qu'il employait fussent » extrêmement délicats ; il en résulterait, dans notre théorie » que le mouvement dans un champ magnétique est très lent, » et par conséquent la densité du milieu très grande. » Ainsi ce mouvement était si lent que les expériences de M, 0. Lodge, quoique très précises, ne l'étaient pas encore assez pour le mettre en évidence. Pour dire toute ma pensée, j'estime que, ces expériences eussent-elles été cent ou mille fois plus précises, le résultat aurait encore été négatif. Je n'ai à donner à l'appui de cette opinion que des raisons de sentiment ; si le résultat avait été positif, on aurait pu mesurer la densité de l'éther et, si le lecteur veut bien me pardonner la vulgarité de cette expression, il me répugne de penser que l'éther - soit si arrivé que cela.