maire de la ville de Troyes confie les jardins à la surveillance de ses concitoyens. »
Prospère ville de Troyes… car j’oubliais le plus bel ornement des massifs anglais : l’abondance des gardes en habit vert ou des policemen en habit bleu ; le chef-d’œuvre de la civilisation remplaçant les chefs-d’œuvre de l’art.
Mon Dieu ! je ne blâme pas les squares. Il y a du bon, il y a même du joli dans ces mesquines miniatures des grands prodiges terrestres. Peut-être conviennent-elles aux cités, comme on adopte dans les musées des copies assez bonnes à défaut d’originaux. Anglicisons-nous hardiment ; volons à tous les peuples leurs moindres découvertes ; sacrifions même les usages de nos pères aux coutumes les plus ennuyeuses ; portons des raglan et des coatschmen ; serrons-nous la main au lieu de nous embrasser ; buvons force thé et force bière ; soyons toujours les autres, ne soyons jamais nous ; encore une fois, je ne m’y oppose pas… Je donnerai peut-être une larme à notre antique prédominance en fait de modes et de plaisirs ; mais je ne serai point assez fou pour me fâcher, en nous voyant porter sur ce terrain la manie d’imitation qui nous enchaîne dans les arts et dans les lettres. Seulement je dirai, à propos des squares, ce que je disais à propos des monuments : que n’en faites-vous où il n’y en a pas ? Que ne bâtissez-vous dans la plaine Saint-Denis ? Que ne laissez-vous en paix les Tuileries et le Luxembourg ?
Pauvres jardins ! Un même sort veut qu’au moment où j’écris, tous les deux voient leur plus belle parure tomber sous la main d’un ouvrier stupide. Là-bas c’est une rue qui menace l’îlot vert, où, sous un groupe sacré, la petite fontaine s’épanche en tremblotant ; ici c’est le bois qui regarde d’un air sombre, à sa droite les ravisseurs de statues, à sa gauche les constructeurs en travail.