sa femme de chambre, en poussant des cris affreux. Si vous la rencontrez dans la rue, elle sera honteuse si la boue qu’il fait vous force à deviner sa cheville. Mais au bal, c’est très-différent. Deux mille personnes peuvent contempler ses épaules ; elle ne rougira pas. Si c’est en carnaval, elle se vêtira en Écossaise, et ne songera pas que sa jupe est fort courte.
Et si c’est aux bains de mer… je sais que le vêtement adopté par nos femmes est fort laid, et qu’on n’a pu les empaqueter ainsi de flanelle rouge que pour détourner les regards de l’artiste. Mais il n’y a pas que des artistes aux bains de mer ; et, quand la flanelle est mouillée, elle atteint à la simplicité antique. Puis, la même qui n’oserait se laisser aller, dans la valse, aux bras d’un beau cavalier, jettera sans crainte son corps charmant et presque dépouillé dans les larges mains d’un baigneur.
Il est vrai qu’un baigneur n’est peut-être pas un homme.
Le monde est plein de contradictions semblables. J’ai habité une ville passablement dévote. La haute société n’eût pas mis les pieds au théâtre ; Athalie lui semblait une pièce immorale. Mais elle conduisait ses filles dans les baraques de marionnettes, applaudissait à la Tour de Nesle, et regardait, avec jubilation, les danseuses et les écuyères du Cirque. À Paris même, on assiste aux ballets de l’Opéra et aux comédies de Molière ; on écoute la musique enivrante des Italiens ; mais il faut se déguiser pour entendre un vaudeville,
La vertu ne serait-elle qu’une convention sociale ?
Je reviens à mes moutons ; c’est-à-dire à mon école.
Il y a des écoles de natation pour les hommes ; il y a des écoles de natation pour les femmes.
Les premières ne sont pas couvertes ; on a tendu des bandes de toile sur les secondes.